Les analyses fondées sur les données issues des enquêtes DÉFIS et Impact contribuent à interroger les inégalités d'accès à la formation continue durant la crise sanitaire. Parmi les facteurs explicatifs figure la portée limitée de la formation à distance, le rôle structurant des politiques de formation mises en œuvre par les entreprises, ainsi que les effets différenciés de la crise selon les secteurs d’activité et les caractéristiques des emplois.

La crise sanitaire a révélé la pluralité des leviers et des obstacles à la formation des salariés les moins qualifiés et les limites de la formation à distance. Les constats effectués suggèrent que la formation ne relève pas uniquement d’un choix individuel : elle suppose des conditions organisationnelles et des ressources que tout le monde ne possède pas.

Le déploiement de la formation à distance, les mesures de chômage partiel et la réduction du coût de la formation pour les entreprises n’ont pas substantiellement modifié les constats habituels sur les inégalités d’accès à la formation. Mais, articulées à des conditions organisationnelles et personnelles favorables, ces mesures ont permis, y compris à une partie des salariés peu qualifiés, de se former.

Équipe

Équipe Céreq

Département Formation et Certification (DFC)
Ekaterina MELNIK

2024 > 2025
Ce qui a été fait

Projet finalisé

La typologie élaborée à partir des données DEFIS et IMPACT a permis d’esquisser six situations-types vécues par les salariés pendant la crise et les mettre en relation avec leur accès à la formation. Si certaines s’observent dans toutes les catégories socioprofessionnelles, d’autres concernent principalement les catégories les moins qualifiées.

Une partie des salariés (environ 10 %) a connu majoritairement un chômage partiel prolongé combiné à un contexte favorable à la formation. L’élargissement de l’offre, une meilleure circulation de l’information, avec un temps disponible accru ont permis une progression significative de leur participation à la formation par rapport à la période précédente. Les salariés de cette classe ont eu près de trois fois plus de chances d’être formés, et deux fois plus de chances de recevoir une proposition de formation, que ceux peu impactés et bénéficiant de conditions initiales plus favorables. Ce travail renforce le constat déjà établi dans d’autres travaux : si le chômage partiel à lui seul n’a pas été déterminant dans le fait de se former, la combinaison du temps ainsi dégagé avec d’autres facteurs propices a pu favoriser le recours à la formation y compris pour une partie des salariés peu qualifiés.

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2023 > 2024

Face à ce constat, une hypothèse alternative est explorée, selon laquelle le chômage partiel, même prolongé, ne suffirait pas a lui seul à favoriser l’accès à la formation. En revanche, un certain nombre de conditions devrait être réuni pour que le salarié puisse entreprendre une action de formation (cf Bref Melnik-Olive, 2022).  

Afin d’explorer cette hypothèse, une typologie permettant de distinguer les différents types d’évolutions (ou leur absence) dans le travail des salariés (conditions de travail, son organisation etc) a été réalisée. Six classes ressortent de cette typologie, parmi lesquelles se distingue nettement une classe qui a particulièrement bénéficié d’un chômage partiel prolongé (9.83%). Leurs entreprises ont connu plus souvent une restructuration ou PSE en 2020-21, et ils se sont retrouvés au chômage en 2021 plus souvent que les salariés des autres classes. Les salariés travaillant dans l’hôtellerie et restauration y sont surreprésentés. 

Publications

  • Cadet, Jean-Paul (dir.) ; Vero, Josiane (dir.). Quand on veut, on peut ?. Idées reçues sur les personnes en emploi peu qualifié. Paris : Le Cavalier bleu, 2025. 232 p in Idées reçues
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Autres valorisations

Le temps libéré durant la crise sanitaire a favorisé l’accès à la formation pour les salariés, Chapitre d'ouvrage collectif (projet ANR SQUAPIN, coll. Idées reçues) à paraitre en 2025;